CONCLUSION GENERALE

De 1947 à 1951, Pollock exploite la technique du dripping. Ses "drip paintings" sont des tableaux de très grands formats à mi-chemin entre la peinture de chevalet et la peinture murale, où les pinceaux ont volontairement été remplacés par des bâtons et où la peinture est déversée sous forme de giclures ou d'éclaboussures par un geste automatique. Même si cette technique était déjà présente dans des tableaux surréalistes de Max Ernst ou encore André Masson, Jackson Pollock est le premier à avoir conçu des toiles où seul le dripping est utilisé. C'est à partir de 1950 que cette technique est rendue publique grâce aux nombreux clichés et documents visuels de Hans Namuth. Bien que son travail ait été ouvertement critiqué, révélant tantôt un travail sans intérêt tantôt un témoignage intime de l'artiste à l'oeuvre dans son atelier, nous conserverons l'idée que le travail de Namuth a avant tout permis de mieux comprendre un art si lointain de la peinture traditionnelle. Enfin, il serait naïf d'assimiler Pollock à un mythe qui tend surtout à analyser sa peinture à travers sa biographie et ainsi faire de lui un "héros" profondément perturbé noyant son mal-être dans sa peinture. Somme toute, ce qui importe ce n'est pas Pollock en tant qu'homme, ce qui nous intéresse tout comme de nombreux artistes, c'est Pollock en tant que peintre, celui qui "brisa la glace" comme le dit son contemporain De Kooning. On peut donc dire que le dripping marque non seulement un tournant dans la vie de Pollock mais aussi dans la perception de l'art par les artistes : même si quelques-uns considèrent la peinture de Pollock comme hérétique, la plupart voit en elle l'introduction de nouvelles possibilités picturales. Pollock influencera beaucoup la nouvelle génération de peintres en effet "tous les artistes qui ont eu vingt ans dans les années cinquante ont commencé par faire du Pollock ou du De Kooning avant de trouver leur style propre"(39) L'impact de la technique du dripping fut considérable, la peinture américaine a-t-elle connu depuis Jackson Pollock une révolution aussi conséquente ?

(39)G. Boudaille, P. Javault, La Peinture Américaine, Op. Cit., p.7.

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