I/ QU'EST-CE QUE LE DRIPPING ?
Le verbe "to drip " peut se traduire par : dégoutter, faire tomber goutte à goutte, dégouliner. Si dans nos esprits cette technique semble claire, sa conception matérielle l'est déjà moins. Ainsi, nous chercherons à définir ce qu'est une "drip painting ", puis nous verrons en quoi consiste la technique du dripping.
1. Qu'est-ce qu'une "drip
painting" ?
Une "drip painting" est un
tableau ne présentant aucune composition centrée, en effet, il
n'y a pas de point de fuite. Le peintre applique toutes les
couleurs simultanément si bien qu'elles fusionnent entre-elles
et donnent un résultat harmonieux.
2. Est-ce une technique
propre à Pollock ?
Dès 1943, Pollock utilise cette technique,
mais "les déversements ne sont qu 'un des divers procédés
employés dans l'exécution de la peinture" (1).
Ce n'est qu'à partir de 1947 (et jusque 1951) que Pollock développera
la technique du dripping. Si au départ Pollock utilisait cette
technique parmi d'autres, on peut alors se demander si d'autres
artistes n'ont pas exploité le dripping.
En effet, dès les années trente, des peintres surréalistes comme Max Ernst et André Masson utilisent ce procédé dans certaines de leurs oeuvres, appliquant la peinture de manière "automatique" , créant des formes abstraites qui naissent accidentellement. Mais, en aucun cas, ces peintres n'ont réalisé de tableaux utilisant exclusivement la technique du dripping. Un autre peintre, Hans Hofmann, s'est "adonné au déversage de peinture" (2).
La technique du dripping n'a donc pas été inventée par Pollock, mais il "est cependant le premier à créer des oeuvres entièrement fondées sur cette technique" (3). En quoi Pollock innove-t-il ?
Reflection of the Big Dipper (Reflets de la Grande Ourse),
111 x 92,1 cm, Stedelijk Museum, Amsterdam, Pays-Bas/Art
Resource, N.Y., 1947.
(1) E.A. Camean, Jr., "L'art
de Pollock en 1950", inclus dans L'Atelier de Jackson
Pollock de Hans Namuth, Macula, Paris, traduit par Ann
Hindry, 1982.
N.B. : Ce livre ne contient aucune numérotation de pages.
(2) David Anfam, L'expressionnisme
Abstrait, Thames & Hudson, Paris, traduit par Olivier
Meyer, 1999, p. 9.
(3) Justin Spring, Jackson
Pollock, Editions de la Martinière, Paris, traduit par
Christiane Piot, 1998, p. 71.